De quoi parle Nomadland?

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Dans son essence même, ‘Nomadland’ est une histoire sur la persévérance humaine et la poursuite de l’indépendance personnelle. Avec l’aide de son collaborateur fréquent et partenaire dans la vie réelle, le directeur de la photographie Joshua James Richards, la réalisatrice Chloé Zhao réinvente le genre du road movie dans son ensemble en faisant un film qui est à la fois un drame poignant et un documentaire racontable à parts égales. À travers le point de vue de sa protagoniste, Fern (Frances McDormand), Nomadland documente une sous-culture nouvelle mais en pleine expansion aux États-Unis, dans laquelle des milliers de personnes proches de l’âge de la retraite sont contraintes d’abandonner leur maison et de prendre la route dans des camping-cars, faute de pouvoir se payer un logement traditionnel. La plupart de ces personnes sont des victimes de la crise financière de 2008.

Fern rejoint cette vague de nouveaux nomades après la mort de son mari et la décimation économique puis la fermeture de la ville qu’elle a appelée son foyer pendant toute sa vie adulte. Elle est à la fois une observatrice intime et une participante de plus en plus volontaire à ce mode de vie, servant de fenêtre parfaite sur celui-ci pour le public du film. Sur la route, elle trouve une étrange forme de camaraderie avec ses compagnons de route, pas nécessairement fondée sur la proximité, puisqu’ils ne se voient pas la majeure partie de l’année, mais sur la compréhension et l’acceptation de la situation de chacun. Mais le film aborde également d’autres thèmes. Alors, sans plus attendre, discutons de quelques-uns d’entre eux, d’accord?

Quel commentaire Nomadland offre-t-il sur l’agitation et l’individualité américaine?

Fern est un individu foncièrement agité. Lorsqu’elle était mariée à Bo, elle était capable de passer outre ces pulsions. Comme elle le raconte au jeune garçon qu’elle rencontre sur la route, elle et Bo étaient ensemble depuis qu’ils étaient tous deux adolescents. Bo aimait Empire, la ville où ils ont élu domicile, et ses habitants, et Fern aimait Bo, et c’était plus que suffisant à l’époque. Mais après le décès de Bo, cette agitation qu’elle avait longtemps réprimée revient en force.

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Cependant, même dans ce cas, elle tente d’abord d’en faire abstraction au profit de ce qui lui est familier, jusqu’à ce qu’elle soit forcée de reconnaître sa situation. Pendant qu’elle est sur la route, Fern résonne avec l’individualité américaine. Elle est dans la nature, seule. Les règles et règlements de la société ne s’appliquent pas à elle, même temporairement. Il y a une scène mémorable dans le film où Fern, complètement nue, se baigne dans un ruisseau isolé. Coupée du reste du monde, Fern s’autorise un moment d’immobilité. Cela représente parfaitement l’état d’esprit de Fern lorsqu’elle est sur la route. Lorsqu’elle voyage, elle est en paix avec elle-même.

C’est l’une des principales raisons pour lesquelles sa relation avec David (David Strathairn) ne fonctionne pas. Tous deux semblent se trouver à des moments très différents de leur vie. David en a fini avec la vie nomade. Il a découvert qu’il avait un foyer avec son fils et décide de vivre avec lui de façon permanente. Au cours de son bref séjour avec David et sa famille, Fern réalise peu à peu à quel point elle est devenue inapte à la vie de famille. Sa relation avec Bo l’a ancrée dans le sol, et elle était heureuse de faire des sacrifices personnels pour lui. Mais maintenant, ayant déjà expérimenté toute l’étendue d’une relation et de la vie domestique, elle aspire à l’inconnu, qu’elle ne peut trouver que sur la route.

Comment Nomadland résonne-t-il dans le monde post-COVID?

Nomadland est basé sur le livre du même nom écrit en 2017 par Jessica Bruder. Il relate la vie et les expériences des nomades de la vie réelle. Depuis l’avènement de la pandémie, le monde a changé à jamais, et les interactions humaines au-delà du support numérique ont reculé au minimum. Dans ce monde en mutation, très peu de films sont plus pertinents que Nomadland. Au départ, nous avons appris à vivre dans l’isolement que nous nous étions imposé, en espérant que les effets de la pandémie disparaîtraient rapidement.

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Mais cela ne s’est pas produit, alors nous avons appris à prospérer dans notre isolement, en espérant cette fois connaître une forme de qualité de vie. En passant d’un emploi à l’autre, Fern fait l’expérience d’une profonde solitude du même type dans l’immensité de l’Amérique. Elle se défait progressivement des contraintes que la société fait peser sur une personne pour le simple fait d’en faire partie et fait corps avec la nature.

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Si la pandémie a quelque effet positif que ce soit, c’est le fait qu’elle nous a donné amplement le temps de réfléchir sur nous-mêmes. Physiquement séparés des cercles sociaux que nous avons mis des années à construire, nous avons enfin appris la valeur des choses vraiment importantes dans la vie. Mais Nomadland s’abstient de dépeindre les aspects négatifs d’une vie isolée. Car, après tout, le film célèbre le mode de vie des nouveaux nomades.

La pandémie, cependant, nous a montré que l’auto-isolement est un privilège dont seuls quelques privilégiés peuvent profiter. Et même ceux qui peuvent se le permettre sont affectés par de graves dommages psychologiques et émotionnels. ‘Nomadland’ nous apprend à apprécier l’isolement et peut-être même à fournir des directives sur la façon d’y survivre, mais il ne propose pas de façon prévisible un moyen d’y échapper.